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doit ce crime arbitraire. Quand on eut établi bien des crimes de lese-majesté, il fallut nécessairement distinguer ces crimes. Aussi le jurisconsulte Ulpien, après avoir dit que l’accusation du crime de lese-majesté ne s’éteignoit point par la mort du coupable, ajoute-t-il que cela ne regarde pas tous[1] les crimes de lese-majesté établis par la loi Julie ; mais seulement celui qui contient un attentat contre l’empire, ou contre la vie de l’empereur.


CHAPITRE X.

Continuation du même sujet.


UNE loi d’Angleterre, passée sous Henri VIII, déclaroit coupables de haute-trahison tous ceux qui prédiroient la mort du roi. Cette loi étoit bien vague. Le despotisme est si terrible, qu’il se tourne même contre ceux qui l’exercent. Dans la derniere maladie de ce roi, les médecins n’oserent jamais dire qu’il fût en danger ; & ils agirent, sans doute, en conséquence[2].


CHAPITRE XI.

Des pensées.


UN Marsias songea qu’il coupoit la gorge à Denys[3]}. Celui-ci le fit mourir, disant qu’il n’y auroit pas songé


  1. Dans la loi derniere, ff. ad leg. Jul. de adulteriis.
  2. Voyez l’histoire de la réformatîon, par M. Burnet.
  3. Plutarque, vie de Denys.