Page:Montaigu - Démêlés du Comte de Montaigu, 1904.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
ET DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU

mien propre, ou du moins en celui d’une dame qui n’oubliera jamais les marques d’estime qu’elle a reçues de Votre Excellence à son passage à Saint-Jean de Morienne et à Chambéry ? Je veux parler de Mme la baronne de Warens, qui m’avait ordonné, pendant mon séjour à Paris, d’aller vous assurer, Monsieur, du souvenir respectueux qu’elle en conservera toute sa vie. Comme elle m’avait fait l’honneur de me proposer à Votre Excellence pour être son secrétaire, je me flattois aussi que sur cette ancienne recommandation vous voudrez bien recevoir favorablement mes respects, mais j’appris votre départ pour Francfort avant que d’avoir pu m’acquitter de ce devoir. Permettez, Monsieur, que j’y supplée aujourd’hui en ce qui dépend de moi, et qu’en remerciant Votre Excellence au nom d’une bienfaitrice et d’une mère (car elle me permet de lui donner ce nom), des bontés que vous avez eues particulière sur la paix dont jouit ma patrie par les soins bienfaisans de Votre Excellence. »

À cette lettre nous joindrons deux pièces de poésie composées à Venise par l’auteur des Confessions, et écrites de sa main. Rousseau semble avoir été plus heureux dans sa prose que dans ses vers.

Que ce penser est doux, et que j’ai de plaisir
Lorsque je m’entretiens des charmes de la belle :
Je maudis tout emploi qui m’ôte le loisir