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sortons de nous-mêmes, que faute de savoir tirer parti de ce qui est en nous. Mais nous avons beau monter sur des échasses, sur ces échasses il nous faut quand même marcher avec nos jambes, et sur le trône le plus élevé du monde nous ne sommes assis que sur notre derrière. Les plus belles existences sont, à mon sens, celles qui rentrent dans le modèle général de la vie humaine, qui sont bien ordonnées, et d’où surtout sont exclus le miracle et l’extravagance. — Quant à la vieillesse, elle a un peu besoin d’être traitée avec quelque tendresse ; c’est pourquoi je termine en recommandant la mienne à ce dieu protecteur de la santé et de la sagesse, de la sagesse gaie et sociable : « Ô fils de Latone ! accorde-moi de jouir en paix du fruit de mes labeurs ; donne-moi une âme saine dans un corps sain ; et, je t’en prie, préserve-moi d’une vieillesse languissante, fermée au commerce des Muses (Horace). »

FIN DE LA TRADUCTION.