Page:Montaigne - Essais, Didot, 1907, tome 3.djvu/176

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Spero equidem mediis, si quid pia numina possunt,
Supplicia hausurum scopulis, et nomine Dido
Sæpe vocaturum.
Audiam, et hæc manes veniet mihi fama sub imos.

Xenophon sacrifioit couronné quand on luy vint annoncer la. mort de son fils Gryllus, en la bataille de Mantinee. Au premier sentiment de cette nouuelle, il ietta sa couronne à terre : mais par la suitte du propos, entendant la forme d’vne mort tres-valeureuse, il l’amassa, et remit sur sa teste. Epicurus mesme se console en sa fin, sur l’eternité et l’vtilité de ses escrits. Omnes clari et nobilitati labores, fiunt tolerabiles. Et la mesme playe, le mesme trauail, ne poise pas, dit Xenophon, à vn general d’armee, comme à vn soldat. Epaminondas print sa mort bien plus alaigrement, ayant esté informé, que la victoire estoit demeuree de son costé. Hæc sunt solatia, hæc fomenta summorum dolorum. Et telles autres circonstances nous amusent, diuertissent et destournent de la consideration de la chose en soy. Voire les arguments de la philosophie, vont à touts coups costoyans et gauchissans la matiere, et à peine essuyans sa crouste. Le premier homme de la premiere eschole philosophique, et surintendante des autres, ce grand Zenon, contre la mort Nul mal n’est honorable la mort l’est elle n’est pas donc mal. Contre l’yurongnerie : Nul ne fie son secret à l’yurongne chacun le fie au sage : le sage ne sera donc pas yurongne. Cela est-ce donner au blanc ? l’ayme à veoir ces ames principales, ne se pouuoir desprendre de nostre conforce. Tant parfaicts hommes qu’ils soyent, ce sont tousiours bien lourdement des hommes.C’est vne douce passion que la vengeance, de grande impression et naturelle : ie le voy bien, encore que ie n’en aye aucune experience. Pour en distraire dernierement vn ieune Prince, ie ne luy allois pas disant, qu’il falloit prester la ioue à celuy qui vous auoit frappé l’autre, pour le deuoir de charité ny ne luy allois representer les tragiques euenements que la poësie attribue à cette passion. Ie la laissay là, et m’amusay à luy faire gouster la beauté d’vne image contraire l’honneur, la faueur, la bien-vueillance qu’il acquerroit par clemence et bonté ie le destournay à l’ambition. Voyla comme lon en faict.Si vostre affection en l’amour est trop puissante, dissipez la, disent-ils. Et disent vray, car ie l’ay