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Lucius Cassius, auec dix gros nauires de guerre il eut le courage non seulement de l’attendre, mais de tirer droit vers luy, et le sommer de se rendre et en vint à bout.Ayant entrepris ce furieux siege d’Alexia, où il y auoit quatre vingts mille hommes de deffence, toute la Gaule s’estant esleuée pour luy courre sus, et leuer le siege, et dressé vn’armée de cent neuf mille cheuaux, et de deux cens quarante mille hommes de pied, quelle hardiesse et maniacle confiance fut-ce, de n’en vouloir abandonner son entreprise, et se resoudre à deux si grandes difficultez ensemble ? Lesquelles toutesfois il soustint et apres auoir gaigné cette grande battaille contre ceux de dehors, rengea bien tost à sa inercy ceux qu’il tenoit enfermez. Il en aduint autant à Lucullus, au siege de Tigranocerta contre le Roy Tigranes, mais d’vne condition dispareille, veu la mollesse des ennemis, à qui Lucullus auoit affaire.Ie veux icy remarquer deux rares euenemens et extraordinaires, sur le faict de ce siege d’Alexia, l’vn, que les Gaulois s’assemblans pour venir trouuer là Cæsar, ayans faict denombrement de toutes leurs forces, resolurent en leur conseil, de retrancher vne bonne partie de cette grande multitude, de peur qu’ils n’en tombassent en confusion. Cet exemple est nouueau, de craindre à estre trop mais à le bien prendre, il est vray-semblable, que le corps d’vne armée doit auoir vne grandeur moderée, et reglée à certaines bornes, soit pour la difficulté de la nourrir, soit pour la difficulté de la conduire et tenir en ordre. Aumoins seroit il bien aisé à verifier par exemple, que ces armées monstrueuses en nombre, n’ont guere rien fait qui vaille. Suiuant le dire de Cyrus en Xenophon, ce n’est pas le nombre des hommes, ains le nombre des bons hommes, qui faict l’aduantage : le demeurant servant plus de destourbier que de secours. Et Baiazet print le principal fondement à sa resolution, de liurer iournée à Tamburlan, contre l’aduis de tous ses Capitaines, sur ce, que le nombre innombrable des hommes de son ennemy luy donnoit certaine esperance de confusion. Scanderbech bon iuge et tres expert, auoit accoustumé de dire, que dix ou douze mille combattans fideles, deuoient baster à vn suffisant chef de guerre, pour garantir sa reputation en toute sorte de besoing militaire. L’autre poinct, qui semble estre contraire, et à l’vsage, et à la raison de la guerre, c’est que Vercingentorix, qui estoit nommé chef et general de toutes les parties des Gaules, reuoltées, print party de s’aller enfermer dans Alexia. Car celuy qui commande à tout vn pays ne se doit iamais engager qu’au cas de cette extremité, qu’il y allast de sa derniere place, et qu’il n’y eust rien plus à esperer qu’en la deffence d’icelle. Autrement il se doit tenir libre, pour auoir moyen