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raison humaine cet accident, si qu’il s’en veid delivré sans aucun inconvenient. Et Cassius et Brutus au contraire, acheverent de perdre les reliques de la Romaine liberté, de laquelle ils estoient protecteurs, par la precipitation et temerité, dequoy ils se tuerent avant le temps et l’occasion. A la journée de Serisolles Monsieur d’Anguien essaïa deux fois de se donner de l’espée dans la gorge, desesperé de la fortune du combat, qui se porta mal en l’endroit où il estoit : et cuida par precipitation se priver de la jouyssance d’une si belle victoire. J’ay veu cent lievres se sauver soubs les dents des levriers : Aliquis carnifici suo superstes fuit.

Multa dies variúsque labor mutabilis ævi
Rettulit in melius, multos alterna revisens
Lusit, et in solido rursus fortuna locavit.

Pline dit qu’il n’y a que trois sortes de maladie, pour lesquelles eviter on aye droit de se tuer : La plus aspre de toutes, c’est la pierre à la vessie, quand l’urine en est retenuë. Seneque, celles seulement, qui esbranlent pour long temps les offices de l’ame.

Pour eviter une pire mort, il y en a qui sont d’advis de la prendre à leur poste. Damocritus chef des Ætoliens mené prisonnier à Rome, trouva moyen de nuict d’eschapper. Mais suivy par ses gardes, avant que se laisser reprendre, il se donna de l’espée au travers le corps.

Antinoüs et Theodotus, leur ville d’Epire reduitte à l’extremité par les Romains, furent d’advis au peuple de se tuer tous. Mais le conseil de se rendre plustost, ayant gaigné, ils allerent chercher la mort, se ruants sur les ennemis, en intention de frapper, non de se couvrir. L’isle de Goze forcée par les Turcs, il y a quelques années, un Sicilien qui avoit deux belles filles prestes à marier, les tua de sa main, et leur mere apres, qui accourut à leur mort. Cela faict, sortant en ruë avec une arbaleste et une arquebouze, de deux coups il en tua les deux premiers Turcs, qui s’approcherent de sa porte : et puis mettant l’espée au poing, s’alla mesler furieusement, où il fut soudain envelopé et mis en pieces : se sauvant ainsi du servage, apres en avoir delivré les siens.

Les femmes Juifves apres avoir faict circoncire leurs enfans, s’alloient precipiter quant et eux, fuyant la cruauté d’Antiochus. On m’a compté qu’un prisonnier de qualité, estant en nos conciergeries, ses parens advertis qu’il seroit certainement condamné, pour eviter la honte de telle mort, aposterent un Prestre pour luy dire, que le souverain remede de sa delivrance, estoit qu’il se recommandast à tel sainct, avec tel et tel vœu, et qu’il fust huict jours sans prendre aucun aliment, quelque deffaillance et foiblesse qu’il sentist en soy. Il l’en creut, et par ce moyen se deffit sans y penser de sa vie et du danger. Scribonia conseillant Libo son nepveu de se tuer, plustost que d’attendre la main de la justice, luy disoit que c’estoit proprement faire l’affaire d’autruy que de conserver sa vie, pour la remettre entre les mains de ceux qui la viendroient chercher trois ou quatre jours apres ; et que c’estoit servir ses ennemis, de garder son sang pour leur en faire curée.

Il se lict dans la Bible, que Nicanor persecuteur de la Loy de Dieu, ayant envoyé ses satellites pour saisir le bon vieillard Rasias, surnommé pour l’honneur de sa vertu, le Pere aux Juifs, comme ce bon homme