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BACULARD D’ARNAUD.

la tête, et, comme une femme fait de son chignon, il les nouait avec un ruban. C’est hideux !

Baculard d’Arnaud a rompu deux ou trois fois avec ses habitudes mélancoliques pour écrire des gaillardises singulières. On a même prétendu qu’il avait tâté de la Bastille, pour un poëme d’un accent assez vif, et qui n’avait aucune espèce de rapport avec sa traduction en vers des Lamentations de Jérémie.

À côté de cela, on s’est beaucoup entretenu de sa vie capucinale. Dans le recueil de ses œuvres diverses, on trouve plusieurs divertissements composés pour les Demoiselles de l’Enfant-Jésus et exécutés par elles. Au fond, c’est un drôle d’homme, qui reste peu compris. On ne sait où le prendre : aujourd’hui dans le ruisseau, décochant des œillades aux viandes rôties ; demain, à la cour de Berlin, balançant la réputation de M. de Voltaire ; il sort des cafés borgnes pour se rendre dans les couvents. C’est le Protée de la littérature de deuxième ordre.

Il vécut de la sorte jusqu’en 1805[1]. Le général d’Arnaud, son frère, a déclaré qu’il avait quatre-vingt-dix ans. — Deux ans avant sa mort on avait publié ses œuvres en vingt-trois volumes in-12.

Ses drames ont été imprimés en 1769 et 1774, avec beaucoup de luxe, sur papier grand et fort, les figures d’après Eisen et Restout. Plusieurs d’entre eux ont eu jusqu’à deux éditions. — Marie Chénier a fait des emprunts, pour son Charles IX, au Coligny de Baculard. — La collection des Épreuves du senti-

  1. M. Colin de Plancy dit qu’il est mort dans un grenier.