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LA MORENCY.

même sous différents pseudonymes. Ce livre curieux et rempli de délire fut publié dans l’an VII ; il se vendait a à Paris, chez l’auteur, rue Neuve-Saint-Roch, no 111. » En tête était son portrait gravé, avec ce quatrain au-dessous :

Docile enfant de la nature,
L’Amour dirigea ses désirs ;
De ce dieu la douce imposture
Fit ses malheurs et ses plaisirs.

Illyrine fut lu par tous ceux qui connaissaient l’auteur et par tous ceux qui désiraient le connaître, si bien que le surnom d’Illyrine resta à la Morency. Charles Nodier, dans ses notes du Banquet des Girondins, parle d’elle comme d’une femme qu’il fallait avoir à souper.

Sur ces entrefaites, Quinette revint à Paris et fut un peu ministre, comme tout le monde. La Morency ne demeura pas la dernière à aller le voir ; mais il paraîtrait que le ministre n’était plus qu’un tiède amant, à en juger par les nouvelles confidences que cette dangereuse maîtresse crut devoir consigner dans un autre ouvrage : Rosalina ou les Méprises de l’amour et de la nature. Elle s’adresse à une amie : « Quant à mon premier amant, Q……te, qui devint ministre, l’ambition avait captivé toutes ses facultés. Son élévation lui avait tourné la tête ; c’était un grand enfant, que le hochet du costume amusait au point que, m’ayant donné une audience particulière, il était surchargé de tout le harnais ministériel, dont il affecta de me montrer tous les détails. Il me parut, je te l’avoue, superbe sous ce riche accoutrement ; et mon pauvre cœur fut encore sa