Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
DORVIGNY.

de la nature, les Quatre cousins, les Mille et un guignons, et peut-être quelques autres encore, car il n’avait pas l’habitude de signer toujours : c’était tantôt D…y ou bien D…gny, quelquefois rien du tout.

Son dernier roman, dont il n’est fait mention nulle part, est les Mystifications d’Innocentin Poulot, petit-fils de M. de Pourceaugnac, par l’auteur des Janots et des Jocrisses. (Chaumerot, libraire ; 4 vol. 1809.)

Parlons de ses mœurs, à présent.

Voici ce que dit de lui Brazier, dans son Histoire des Petits théâtres de Paris : « Ce pauvre Dorvigny allait composer ses romans et ses comédies à la guinguette de Ramponneau, et plus d’un artisan qui buvait avec lui était loin de se douter qu’il trinquait avec le fils d’un roi[1] ! En ce temps-là, les auteurs n’avaient pas de voiture, ils ne gagnaient pas vingt,

  1. Les Mémoires de Fleury révoquent en doute celle parenté. « Voici, rapportent-ils, le fait qui avait accrédité cette erreur aussi singulière que la singulière histoire à laquelle elle tenait. Dorvigny, par la plus étrange coïncidence, demeurait près de la Vieille rue du Temple, dans une maison ou à côté d’une maison appartenant à un M. Dorvigny, ancien fabricant de glaces, mais ne faisant plus de commerce ; or, quand on venait demander l’un ou l’autre homonyme dans la petite rue, cela donnait assez souvent lieu à des quiproquos. En conséquence, les gens du quartier les désignaient ainsi : l’un élait naturellement Dorvigny l’auteur, et l’autre Dorvigny-le-Dauphin ; et, en effet, cet homme était le fils de Louis XV. »
    Nous donnons cette interprétation pour ce qu’elle vaut ; je ne tiens pas essentiellement à ce que Dorvigny soit fils de roi ; mais la version de Fleury ne m’a pas convaincu. Tous les contemporains semblent d’accord : « On le dit bâtard de Louis XV, et cela n’est pas si étonnant, » écrit Mayeur.