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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

Il n’y eut pas jusqu’au sévère Linguet qui n’ouvrit les pages de ses Annales à une dissertation sur l’envahissement et les progrès du janotisme. Mais lui ne jugeait pas avec autant de bienveillance que Mercier.

Ajoutons que Janot fut modelé en porcelaine, comme Voltaire, et placé sur la cheminée du cabinet de Louis XV. Le sieur Curtius s’empressa également de l’admettre parmi ses mannequins enluminés, à côté de Desrues, du comte d’Estaing, et de la famille royale assise à un banquet artificiel. Il fut fait un envoi en Russie d’une armée de Janots en biscuits de Sèvres, qui coûta plus de 28,000 livres.

Ces petites statuettes se trouvent encore. Il y en a une à la Comédie française. Janot est représenté long, menu, en veste, une lanterne à la main et coiffé d’un bonnet. Le travail est joli et intelligent.

Tout était à la Janot alors, les modes, les coiffures. Il y eut un potage à la Janot, qui était le plus simple des potages. Puis Janot eut une postérité : Janot chez le dégraisseur, Jeannette ou Tous les battus ne payent pas l’amende, Janot bohémien (par Martainville).

Dans Tout ce qui reluit n’est pas or, Janot est devenu riche ; il a une belle veste neuve depuis qu’il est au service d’une comtesse ; cependant il annonce à son ami Dodinet qu’il va mettre la comtesse sur le pavé. « Sus le pavé ! — Oui, j’y vas rendre sa condition et l’y dire qu’elle en cherche une autre. — Et quéque tu vas devenir après, toi ? — Moi ? je me ferai grand seigneur. — Grand seigneur ? — Tu seras mon intendant, je ne te donnerai pas de gages, mais ce que tu