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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

que vous seul sembliez en ce moment le plus heureux, et nous nous en réjouissions de tout notre cœur. La manière avantageuse dont vous avez parlé de M. Robespierre nous a charmés. Le plaisir que vous aviez à donner des éloges mérités à un camarade m’a reproché ma conduite à votre égard, et m’oblige à me rétracter. J’en fais ici ma confession : c’est moi qui ai composé sur le Cousin Jacques cette chanson, plus gaie, il est vrai, que méchante, que vous avez reçue à la fin de la lune d’août. Au fond, c’est une plaisanterie innocente que je me suis permise, et dont voici le sujet. Quand nous avons vu votre prospectus annonçant votre départ pour la lune, je pensai que vous ne pourriez longtemps vous soutenir à cette hauteur ; je blâmai l’entreprise du journal, et, calculant l’éclipse totale des Lunes, j’en marquai l’époque. Il y eut des paris, et vous êtes vengé de ma chanson, car j’ai eu le plaisir de perdre. »

Cette lettre, datée du mois de mai 1786, était signée Camille Desmoulins, avocat au parlement.

« En la lisant, dit le Cousin Jacques, je me suis rappelé l’apostrophe de La Fontaine : Arrière ceux

    philosophique, que celui de tous ces hommes qui s’étaient conduits et signalés de tant de manières diverses dans le cours de la Révolution. Le remuant et doré Fréron coudoyait le législateur Goffaulx ; Piis fredonnait ses plus jolis couplets à l’oreille du grave de La Place ; l’abbé Noël causait comédie avec Picard, qui lui répondait sermon. Les absents, ceux dont on se répétait les noms à voix basse, c’étaient Maximilien Robespierre, Camille Desmoulins, Duport-Dutertre. Une indisposition empêcha le Cousin Jacques de paraître à ce banquet, qui eut lieu le 15 thermidor an VIII (3 août 1800).