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CURIOSITÉS LITTÉRAIRES

Prenez pour cela du liège dont les pores soient peu ouverts, et commencez à l’amincir et à l’arrondir avec un canif bien aiguisé. Quand vous aurez promené bien également le canif sur toute la surface sphérique du liège jusqu’à ce qu’elle ne présente plus de défectuosité, prenez du crayon de bonne mine de plomb et frottez-en votre petite boule dans tous les sens ; ne vous arrêtez que lorsqu’elle aura pris parfaitement la couleur et le demi-luisant de la balle.

Il serait de la plus grande imprudence, vous le pensez bien, de révéler ce mystère à aucun des combattants. Le secret doit rester inviolable et éternel entre l’autre second et vous.

Quand tous deux vous aurez épuisé tous les moyens de conciliation, alors l’un de vous prendra d’une main un pistolet, de l’autre les balles, et, les élevant de manière à ce que tout le monde les voie, il les laissera couler dans le canon du pistolet, tandis que l’autre second, saisi subito d’une toux-quinte, dissimulera par le bruit qu’il fera celui que les balles manqueront de faire dans le canon. La poudre, la bourre, tout sera entassé sur-le-champ, afin de ne point laisser aux adversaires le temps de concevoir des doutes.

Allons, allons, l’auteur de l’Art de n’être jamais tué en duel n’est décidément qu’un farceur.