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ET BIBLIOGRAPHIQUES

MANON LESCAUT

Il faut bien le dire : c’est surtout au XIXe siècle qu’appartient la gloire d’avoir compris Manon Lescaut et d’avoir placé ce chef-d’œuvre dans la lumière qui lui est propre, sans l’exagérer, entre la sympathie des lettrés et la curiosité des mondains, sous l’abri des bibliophiles. Le XIXe siècle en a bien fait d’autres ; sans parler de Shakespeare et de Dante, auxquels il a reconstitué une renommée assise pour l’éternité, il a retrouvé le Neveu de Rameau, égaré dans les papiers de Goethe. Ce sont là des services inestimables.

Manon Lescaut parut pour la première fois en 1733, sous la rubrique d’Amsterdam. Ces deux petits volumes s’annonçaient comme une suite aux Mémoires et Aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde. Il semble que le succès s’en soit établi sur-le-champ, du moins auprès des délicats. Voltaire, aux yeux de qui rien de ce qui avait une valeur littéraire