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CURIOSITÉS LITTÉRAIRES

seignements inédits, essaye d’en attribuer la paternité exclusive à Gueullette. J’hésite à adopter le récit de M. Georges d’Heylli ; il faudrait renoncer aux affirmations de Collé, aussi bien situé que personne pour être informé.

Quoi qu’il en soit, ces bouffonneries méritent d’être lues comme modèles du ton populacier au XVIIIe siècle.

J’en veux donner un échantillon, extrait de la Chaste Isabelle. Cette Isabelle est une fieffée coquine qui fait tourner la tête au vieux roquentin Cassandre.

Isabelle. — Bonjour, mon mignon, mon tout ; je parie que vous pensiez à moi.

Cassandre. — Vous l’avez deviné, ma charmante. À propos, savez-vous bien que j’aurais fort voulu danser moi-même hier, car il m’en coûta six blancs pour le vielleux.

Isabelle. — Je le crois bien, vraiment, mon cher Cassandre, et je n’aime pointa vous voir comme ça dépenser votre argent.

Cassandre. — Vous m’enchantez en discourant ce discours, adorable mignonnette ; mais montons cheux vous.

Isabelle. — Oh ! pour le présent, je ne puis ; mais, si vous voulez venir ce soir à huit heures, je vous donnerai à souper.