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CONTES POPULAIRES EN ITALIE

Ainsi endoctriné, le perroquet va se poser sur la fenêtre, la chambrière le saisit avec son mouchoir, et la dame s’écrie en le voyant :

— Oh ! mon beau perroquet, tu vas être mon ’'aliénation (ma distraction.)

— Moi aussi, belle maman, je vous aime.

Et l’oiseau fut mis dans une cage d argent. Cependant la duègne qui sert les intérêts du chevalier se présente avec une corbeille de beaux fruits hors de temps (des primeurs sans doute) au tour pratiqué dans le mur pour approvisionner la maison. La vieille se donne pour l’aïeule de la dame, qui veut bien l’en croire, et toutes deux entrent en longue conversation.

— Tu es toujours cloîtrée, dit la duègne, et le dimanche tu ne vas pas à la messe ?

— Et comment puis-je y aller, clouée comme je suis ?

— Ah ! ma fille, tu te damnes. Tu dois aller à la messe la dimanche. Aujourd’hui c’est fête, allons-y. La dame se laisse persuader, le perroquet se met à pleurer. La dame ouvre son bahut pour s’habiller, le perroquet s’écrie :

— Belle maman, ne t’en va pas, la vieille te fait une trahison. Si tu n’y vas pas, je te conterai un conte.

Aussitôt gagnée, la dame congédie la duègne et s’assied auprès du perroquet qui se met à conter… Trois fois la vieille renouvelle la tentation, trois fois le perroquet la renvoie en promettant une nouvelle histoire. Le mari revient, l’oiseau le rend aveugle en lui jetant du bouillon aux yeux, puis lui saute à la gorge et l’étrangle. Le notaire finit par épouser la belle veuve et gagne l’argent qu’il a parié.

Tel est en raccourci le cadre de la légende sici-