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III
LA LÉGENDE DU SEIGNEUR DE CARINI — CONTES ANTIQUES : RÉMINISCENCES DE POLYPHÈME, DE PSYCHÉ ET DE LAIS.

Voyons — si ces contes peuvent fournir à la science quelques documents nouveaux. Ce qui frappe tout d’abord, c’est à quel point ils ressemblent à ceux des autres provinces italiennes. Il fut un temps (c’était hier) où l’Italie, morcelée en petits états, ne permettait pas à ses enfants du midi de connaître ceux du nord. Ces états mêmes se partageaient en compartiments distincts séparés par des clôtures qu’il n’était pas facile de franchir : les Abruzzais par exemple, les Gampaniens, les Apuliens, les Lucains, les Calabrais, les Siciliens existaient bien sous le sceptre plus ou moins dur du même prince, mais n’avaient pas même un nom commun pour les désigner tous : on avait bien trouvé une combinaison géographique et politique appelée les Deux-Siciles, mais on n’avait jamais pu constituer un peuple appelé les Deux-Siciliens.

Eh bien ! malgré cette dispersion et cet isolement, les Italiens communiquaient entre eux par la poésie, échangeaient des strophes, des idées, des images,