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XIX
LA BELLE JEANNE

Il y avait une fois un paysan qui avait une fille très-belle, éveillée et fine d’esprit, si bien qu’elle était le passe-temps du voisinage et qu’il n’y avait pas de veillée où on ne l’invitât. Son nom, à ce que disent les histoires, était Jeanne.

Dans la ville voisine commandait un roi qui, lui aussi, avait une fille très-belle, mais elle montrait, au rebours de Jeanne, un visage mélancolique et sérieux et jamais personne n’était parvenu à la faire rire. Le roi son père en avait beaucoup de souci et s’ingéniait de tout son pouvoir à chercher quelque chose de nouveau, d’allègre et de bouffon pour égayer la pauvre enfant, mais tout fut inutile.

Un jour que le roi causait avec ses courtisans, l’un d’eux lui fit savoir qu’il y avait dans le village voisin un paysan, père d’une fille si gaie que, là où elle était, la tristesse paraissait bannie. Cette nouvelle réjouit le roi plus qu’on ne saurait croire ; il lui vint aussitôt la pensée de faire chercher la fille du paysan pour tenir compagnie à la sienne et envoya sans retard un serviteur chez le père de