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GAIUS GRACCHUS 67 des temps quisuivirent. Gaius fut un homme d’État dans toutle sens du_mot; et pour n’avoir point légué à la ' traditionla formule de son grandtravail de reconstruction - politique, quelque divers que soient les jugements sur son compte, il faut dire qu’il n’en a pas moins eu la conscience complete de ce qu’il a"fait.,()ui, e’est de propos délibéré qu’il s’est fait usurpateuri Mais qui donc, sachant l’état vrai des choses, luireprochera son entreprise monarchique? La monarchie absolue est un grand mal, je le sais : mais ' . elle est un mal moindre que l’oligarchie absolue : et l’his- toire ne peut pas n'avoir que des reproches pour l’homme qui, faisant son choix entre les deux régimes, a donné le moins funeste ai son pays. Elle adoucira la sévérité de son langage quand cette homme s’appellera Gaius Gracchus, génie ardent et profond tout ensemble, nature puissante et si haute au-dessus du niveau commun. Non que je méconnaisse dans son œuvre législative l’influence·perni- cieuse de deux courants contraires : l’un, qui poursuit le I bien public, l’autre entaché des calculs de l’intérét personnel, et méme de l’esprit de vengeance. Cherchant avec ardeur le` remède aux maux sociaux, au paupérisme ' débordant partout, Gaius n’en institua pas moins les distributions de blé, primedonnée à la fainéantise affamée _ de la multitude. Ce détestable moyen tit sortir comme de dessous terre, dans la capitale, l’innombrable prolétariat de la rue. Gaius eut des paroles amères pour la vénalité du Sénat: on le vit, impitoyable danssa justice, traîner au grand jour les scandales des trafiquants-usuriers, un Manius Aguillius, par exemple, et ses extorsions com`- mises en Asie-Mineure *; et c’est lui pourtant qui de ses ` mains , en échange du gouvernement concentré dans f Nous lpossédons encore un long fragment d’une harangue de Gaius sur a grosse alfaire de la possesszon dela Phrygze. Au lende- main de l’incorporation du royaume d’Attale, cette contrée, otferteà ' · l’enchère par Manius Aquillius aux rois de Bithynie et de Pont, avait été adjugée à ce derni_er (IV; p. 359). Gaius, à ce propos, fait observer qu’on ne rend plus gratuitement ses services à la chose publique, et