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i 66 LIVRE 1V, CHAPITRE III M pales, sans rencontrer de résistance sérieuse, sans avoir à ccmàluüon user de violence sur sa route. Au milieu des récits confus ç“l“’ê;î°°"“" des chroniqueurs, il 'n’est plus possible `de déméler dans caractères- quel ordre se suivirent les décrets et les actes; et l’histoire demeure sans réponse à plus d’une question sortiedes entrailles mémes du sujet. J’estirne pourtant qu’aucun ‘ détail essentiel ne nous manque : nous avons la connais: ` sance sùre et claire des choses; et Gaius enün nous apparaît dans toute la réalité de son caractere. Loin qu’il se laisse emporter comme son frère au courant d’événe- _ ments plus forts que lui, il ason plan, grandiose et forte- ment conçu; et il le réalise dans ses parties capitales au . moyen d’une série de lois. Que la constitution Sempro- nienne n’aît été d’ailleurs en aucune façon ce que l'ont J crue tant de braves gens dans les temps anciens et - modernes, à savoir une reconstruction de lallépublique A sur des bases nouvelles et démocratiques : qu’elle ait été ' au contraire la destruction de la République : qu’en insti- A tuant la fonction supreme d’un tribunat constamment rééligîble et à vie, disposant du pouvoir par la domination ' illimitée qu’il exerce sur les comices souverains seule- ment pour la formc, elle ait vraiment fondé la Tymnnie ‘, ou, pour emprunter le langage du xix•= siecle, la monar- chie Napoléonienne absolue, anti—féodale, anti—théocra- tique, c’est là le fait qui saisit, des qu’on ouvre les yeux pour voir_. S’il est bien vrai que Gaius, comme l’attestent ses paroles et ses_actes a tous les instants de sa vie, avait prémédité le renversement du régime sénatorial, quelle ` institution autre que la tyrannie restait encore possible dans l’État romain, avec une aristocratie abattue, avec son assemblée du peuple dont le temps était passé, le . système parlementaire demeurant d’ailleurs inconnu? A le nier, il eût fallu soit l’enthousiasme naïf du prédécesseur de·Gaius, soit la rouerie politique des révolutionnaires " [Dans le'sens grec de royauté absolue.]