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. 398 ` LIVRE IV, CHAPITRE X 4

 des morts: le sentimentcommun, que le souvenir de Sylla

d,,,,,,,,,,,,,,,,,,, irrite et soulève, ne se réconciliera jamais avec les actes d° Sy“"· du dictateur, qu'il les ait commis ou laissé commettre. ` Sylla n’a pas seulement assis sa domination sur les plus terribles abus de la force; il a, dans le cynisme de sa fran- chise, affecté d’appeler les choses par leur nom. Il a ainsi irrémissiblement gâté sa cause dans l’estime des faibles de cœur, de ceux qui s'épouvantent du nom plus que de la ` chosel Par la, et tel est aussi lejugement de l’homme sensé et honnete, par la froideur impassible et la netteté de ses vues, il semble plus odieux même que le tyran que _ sa passion a précipité dans le crime. Proscriptions, récom- penses données au bourreau, confiscations, exécutions d’of· ficiers insubordonnés sur sentence sommaire, tout cela s'était vu cent fois, et le sens moral passablement obtus de la société ancienne, dans les matières politiques sur- tout, ne s’était point mis en révolte zjamais pourtant on n’avait vu publiquement inscrits et placardés les noms des · hommes placés hors la loi: jamais on n’avait vu leurs tètes exposées en plein Forum, les bandits recevant un hono- raire fixe et régulièrementporté sur les registres des caisses de l’État, les biens confisqués mis sous le marteau de l’enchè1·e comme butin fait sur l’ennemi, les olîiciers en second, pour un seul mot d—’opposition, massacrés aus- sitot sur un geste du général, qui s’en vantait en méme temps devant le peuple? C’est une grande faute en poli- I tique que d’afiicher ainsi le mépris de tout sentiment hu- main : de tels précédents n’0nt pas peu contribué à‘ enve- . nimerà I'avance les crises révolutionnaires d’un prochain avenir; et, jusque dans nos temps, une horreur méritée vient faire ombre sur la mémoire de l’inventeur des pros- criptionsl · · · . · · Ge n’est pas tout. Si, dans les circonstances graves, cet · homme de fer allait devant lui inflexible, dans les choses demoindre intérêt, au contraire, et notamment dans les ( questions de personne, très-souvent il s'abandonnait à son