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378 LIVRE 1V, CHAPITRE X celle des cas graves de faux et d’injures. Mais, en dehors de ces innovations, si considérables d'ailleurs, il ne fut rien changé aux deux institutions. En second lieu, Syllavoulut pourvoir à la direction meme des tribunaux: nous avons vu que, pour la présidence des diverses commissions de jury, il avait six préteurs àsa disposition, sans compter d’autres fonctionnaires, spécialement appelés à la tète dé certains . siéges. En troisieme lieu, à la place des chevaliers, il avait rendu le jury aux sénateurs, ne laissant son ancienne com- position, pour autant que nous en savons, qu’au seul tri- bunal des centumvirs. c . Le but politique de ces modiiications apparaît claire- ment. Sylla voulait mettre tin àl’immixtion des chevaliers dans le gouvernement. Il est clair aussi que le but poli- A tique n’était point le seul, et qu’en meme temps le dictateur avait, le premier, tenté de mettre l’ordre dans le chaos de la procédure et du droit criminel à Home, chaos qui s’était perpétue depuis les plus anciennes querelles entre les ordres. Et de fait, c’est de la législation syllanienne que date· à Rome la séparation du criminel et du civil, dans le sens que nous attachons à ces mots. Jadis, la distinction était chose vraiment inconnue. Aujourd’hui, toute cause crimi- nelle est celle déférée au jury : la cause civile est celle portée devant le juge ou juré unique. Prise dans son en- semble, la législation des questions constitue le premier code écrit à Home après les Douze—Tables, et par dessus ` tout le premier code criminel séparément édicté. Ajoutons que, jusque dans les détails, de _louables et libérales ten- dances s’y font jour,-et quelque étrange que le mot résonne à nos oreilles, s’agissant de I’auteur· des proscriptions, il n’en demeure par moins vrai que Sylla a aboli la peine de mort en matiere politique. A D’après la` vieille règle, usitée à Home et par lui main- tenue, le peuple seul, a l’exclusion de tout college de · juges, avait le pouvoir de prononcer la peine capitale ou I la détention préventive (p. 56) : or, enlever au peuple les