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LA CONSTITUTICN DE SYLLA 371 italiques, tout le pays sans distinction, avec les colonies romaines nombreuses dispersées du nord an midi, obéis- V sait aux magistrats suprêmes de la capitale. Sylla en dis- V posa autrement. Il donna pour frontière septentrionale à - V l’ltalie propre le Rubicon, ài la place de l’«Esis. Habitée ·— _en totalité par des citoyens romains, elle resta sous la main des magistrats ordinaires de Rome : ici point d’ar- _ mée, point de commandement militaire, selon la règle ` fondamentale du droit politique : mais il en advint autre- - ment de la Gaule cisalpine. Les incursions quotidiennes · des peuples aipestres y rendaient nécessaire la présence d’un général d’armée : aussi fut-elle érigée en gouverne- ment militaire, a l’instar des provinces d’au-delà des mers'. ‘ Nous n’avons pas la preuve directe du fait; mais bien certai- nement la Gaule italienne, dans les plus anciens temps, n'est en aucune façon une province, dans le sens tout spécial du mot, un gouvernement ayant ses limites territoriales et administré par un fonctionnaire qui change tous les ans, tandis qu’au temps de César elle est ainsi régie (cf. Licinian., à l'année 676: data erat et Sullœ 78 av. J.·C. provincia Gallia cisalpina). — ll en faut dire à peu pres autant en ce qui touche le report de la frontière: nous savons que l'./Esis autrefois, et que le Rubicon au temps de César, formait limite entre ‘ l’ltalie et la isalpine; mais nous ignorons à quelle date le change- ment se fit. De ce que le propréteur Marcus Terenlius Varro Lucullus pourvut_ un jour à un réglement de limites [terminus restituendos] dans la région d’entre les deux cours d’eau (0relli, inscr. 570 "), on a conclu que cette région était encore territoire provincial durant l’année qui suivit la préture du même Lucullus_(670): un propré- 75. teur, en effet, n’eût rien eu à faire en territoire italien. ll est bien vrai que Vimperium prorogé ne s’arrête qu’au dedans du Pomœrium; en ltalie au contraire, d'après l’ordonnance.de Sylla, cet imperium prorogé, toujours licite, n’existait pas toujours en fait; et dans tous · es cas, l’oHice de Lucullus était à titre extraordinaire. Nous pou- vons aussi préciser quand et comment il l’a exercé en ce pays. Déjà, avant la réorganisation syllanienne (de 672), il y avait là un comman- 82, dement militaire actif (p. 334), et vraisemblablement investi par Sylla de la puissance proprétorienne, comme celui de Pompée; et ` · c’est en cette qualité qu’il aura réglé en 672 ou 673 (cf. Appian. 1, 82_ SL 95) les limites dont parle l'inscription. ll ne faut donc tirer de ce ·texte aucune conclusion relative à la situation légale de l’ltalie du nord, encore moins lui donner une date postérieure à la dictature · de Sylla. A une telle conjecture onopposerait un indice remarquable, tiré de ce fait que Sylla il certainement élargi l`enceinte du Pomœ- rium (Senec., de Brevitate vitœ, 14; Dion Cass. 43, 50), ce qui, . ‘ * jV. cette inscr. au Corpusde Mommsen, ne 583, p. 167. - Elle at été trouvée non oin de Pesaro, en 1736.] `