Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

346 LIVRE IV, CHAPITRE X pour le moment réunissait tous les pouvoirs dans sa main, jugeait mieux et des choses et des personnes. Aux temps les meilleurs de Rome, jamais l'aristocratie, grande dans ses actes et bornée dans son esprit, n’avait porté ses visées eau-delà du maintien des formes traditionnelles. Comment une corporation lourde et compliquée dans ses—allures 4 aurait-elle su jamais entreprendre, avec l’énergie sufüsante, ` et mener àbien une vaste réforme politique? Et aujourd’hui, quand les derniers orages avaient emporté toutes les sommités, comment lui demander la force et l’intelligence qu’il eut fallu déployer? Quelle preuve plus grande de l’inutilité absolue du pur sang aristocratique, et de la conviction de Sylla à cet égard, que de le voir, à l’excep- tion de Quintus Metellus, son beau-frère, se choisir tous ses instruments dans l’ancien parti modéré et parmi les . 4 transfuges du camp démocratique? Tels furent Lucius Flaccus, Lucius Philippus, Quintus Ofella, Gnœus Pom- peius. Autant qu’aucun des ·plus ardents émigrés il eut voulu le rétablissement de l’ancienne constitution : mais · s’il ne voyait pas dans toute leur étendue les difücultés immenses de l’œuvre de la restauration (eût-il sans cela osé y mettre la main?), du moins il en avait plus que son parti la conscience. Il considérait comme indispensables, d’unc part, certainesconcessions allant aussi loin qu’il était possible sans porter atteinte à l’oligarchie dans son essence, et d’autre part, Pétablissement d’un énergique système, répressif et préventif tout ensemble. All savait que le Sénat, tel qu’il était composé, refuserait ou mutilerait toutes les concessions faites ou à faire, et n’userait des · moyens parlementaires que pour saper l’éditice nouveau. Déjà, après la révolution sulpicienne, il avait taillé dans le vif, à droite, à gauche, sans prendre conseil que de lui- même : aujourd’hui, sous la pression de dillicultés autre- ment ardues, il avait son parti arreté d'opérer la restau- ` ration de l'oligarchie, lui tout seul, sans le concours des _ olîgarques, et même malgré eux. Tandis qu’autrefois il