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les défilés montueux de la Ligurie, ou d’Afrique il etait venu se réfugier: il reprend, en qualité de collègue de Sylla, les fonctions de proconsul qui lui avaient été conférées en 667 (p. 254), et dont la révolution l’avait dépossédé : de l’Afrique aussi, Marcus Grassus amène une petite troupe d’hommes armés. Mais les Optimates, pour la , plupart, se présentaient dans la condition d’émigrés illustres ayant de hautes prétentions et fort peu d’envie de combattre : ils eurent à entendre le langage amer de Sylla contre tous ces nobles fainéants qui voulaient bien qu’on les sauvàt dans l’intérèt de la République, mais n’auraient pas meme laissé armer un de leurs esclaves. D’autres et plus importants ’transfuges se présentèrent au camp, venant du camp des. démocrates : nous citerons le souple et _illustre Lucius P/zilippus, le seul consulaire, avec une ou deux incapacités notoires, qui eut pactisé avec le gouvernement révolutionnaire et occupé sous lui-. des fonctions publiques. Sylla lui fit le plus prévenant accueil, et lui donna l’honorable etfacile mission de reprendre la Sardaigne. Il reçut de même Quintus Lucretius Ofella et d’autres bons officiers auxquels il contia aussitot des emplois. Il n’est pas jusqu’à Publius Cethegus, l’un des sénateurs par lui bannis après les émeutes sulpiciennes, qui n’obtint maintenant son pardon avec un poste dans l’armée. Mais un avantage plus grand encore que ces adhésions individuelles (je veux parler de la soumission du Picenum) fut procuré a Sylla par le fils de Strabon, le jeune Gnœus Pompée. Comme son père, sans liens originaires avec l’oligarchie, il avait reconnu la révolution et pris du service dans l’armée de Ginna : mais on n’oublia pas la conduite de Strabon, et la guerre qu’il avait faite aux révolutionnaires; on fit subir maint passe-droits à son fils qui se vit menacé même de la perte de sa grande fortune, par suite d’une demande en restitution du butin d’Asculum, butin qu’à tort ou à- raison, Strabon était accusé d’avoir détourné. Une condamnation eut été