Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/329

Cette page n’a pas encore été corrigée

I · CINNA ET SYLLA V 325 levés en Macédoine et dans le Péloponèse. Mais cette armée, pendant sept années de rude guerre en Italie, en Grèce, en Asie, s'était deshabituée de la politique : elle était toute à son général, qui fermait les yeux sur les excès du soldat, luxure, bestialité, meurtre de ses olïiciers; · V qui ne_ lui demandait que d’étre brave et fidèle, et lui '- offrait l’appat de récompenses fabuleuses. Elle avait pour Sylla cet attachement enthousiaste d'autant plus puissant chez le militaire que d’ordinaire il nait des plus nobles et des plus vulgaires passions réunies dans la méme poitrine. ( Les Syllaniens se jurèrent spontanément, selon l’usage du soldat romain, de se soutenir les uns et les autres : et chacun, spontanément aussi, apporta son denier d’épargne au général pour contribuer aux frais de la guerre. Mais quelque 'imposante que fut cette troupe compacte en face _ des masses ennemies, Sylla n'en savait pas moins qu’il ne pourrait pas vaincre l’Italie avec cinq légions, pour peu, qu’il y eut d'unité dans la résistance. Bien de plus facile, sans doute, que d’abattre le parti populaire ct ses mise- rables autocrates : maisà coté de ce parti, il voyait debout, et faisant avec lui cause commune, Vimmense armée des hommes qui ne voulaient pas de la terreur d'une restauration oligarchique, et tous les nouveaux citoyens, aussi bien ceux que la loi Julia avait détournés d’entrer dans l’insurrection italienne que ceux dont la levée de boucliers avait naguère mis Rome à deux doigts _ de sa ruine. Il voyait et appréciait clairement la situation, Sa ,,,,,dé,m,,,,_ sachant se garder de la colère aveugle et de l'opiniàtreté égoïste qui étaient la plaie de la majorité de son parti. L’édifice de l’État en flammes, ses amis. massacrés, ses 4 ` maisons détruites, sa famille chassée et errante, rien ne _ lui avait fait quitter son poste avant l’heure, avant qu’il eut vaincu l’ennemi de la patrie et préservé la frontière V ` de l’empire. Aujourd’hui qu’il mettaitla main aux affaires d’Italie, il y apportait le méme sens patriotique et la _ même modération prudente-: il fit ce qu’il put pour