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· ' CINNA ET SYLLA 307 encore leurs anciens traités particuliers et subissaient en _ frémissant l'arbitraire hors la loi de leur condition de sujets. Les cités d'entre les Alpes et le Po n’étaient pas davantage satisfaites des demi—con`cessions obtenues; et quant aux nouveaux citoyens et aux affranchis, l’annula- · tion des lois sulpiciennes les rendait furieux. La populace "de Home souffrait de la gène commune et se révoltait' contre un régime du sabre qui n’avait pas admis le régime _ 'des assommeurs au nombre des institutions. Dans la ville, les partisans des citoyens bannis après la révolu- A tion sulpicienne, très-nombreux encore grace àla modé- ration 'peu commune de Sylla, se donnaient mille peines ·1pour leur obtenir la faculté du retour , et quelques femmes, I , riches et de marque, n'éparguaient dans ce but ni leurs soins ni leur or. Sans doute, dans tous ces discords, il n’y avait rien qui rendit. imminente une nouvelle et violente commotion : l’agitation était en grande partie Q sans but immédiat, et transitoire. Mais le malaise général ·y trouvait son aliment; il en était sorti, plus ou moins, · l’assassinat de Bufus, plusieurs tentatives également cri- minelles contre Sylla, et surtout les élections, partielle- _ ment d’opposition, des consuls et des tribuns de l’an 667. sv av. J.·c. Le nom de l’homme que les mécontents avaient porté à la tète de l’État, Lucius Cornelius Cimza, n’avait été que peu _ came. . ou pointprononcé jusqu’alors, si ce n’est qu’ils’était com- porté' en bon officier durant la guerre sociale. Sur sa per- · sonne, sur ses projets au début, nous en savons moins que sur toutautre chef de parti dans la révolution romaine. Et ·la cause en est, il me semble, dans cecique Cinna, homme tout ordinaire et guidé par le plus vil égoïsme, n’avait point eu d’abord de desseins politiques à lui et sur une large échelle. On disait, le jour où il se mit en avant, qu’il · 's’était vendu pour une forte somme d’or aux nouveaux 'citoyens et à la coterie de Marius. L’accusation a toute apparence de 'vérité; mais serait-elle fausse qu’elle n’en est pas moins caractéristique : un tel soupçon n’eùt jamais ·