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IIORIENT ET MITHBIDATE 283 _ A la guerre, ordonne qu’on lui verse de l’or fondu dans la gorge. Ilmeurt dans les tourments. Mais ce n’était point assez de l’ironie sauvage d’un tel supplice, qui seul déjà devrait faire rayer le nom de Mithridate de la liste des grands et nobles caractères. Il envoie d’Ephèse à tous cam ses satrapes et a toutes les cités l’ordre de tuer, le mème “e',f§Éf;§§'° · jour, à la même heure, sans distinction d’àge ni de sexe, d’EPhè“· tous les Italiens, libres ou non libres, qui résident dans le . pays: toute assistance donnée à ces malheureux sera impitoyablement punie : leurs cadavres seront jetés en ' pàture aux vautours; et de leurs biens confisqués, moitié appartiendra aux meurtriers, moitie reviendra au roi. ·· Partout, hormis dans quelques rares districts, dans l’ile I de Cos, par exemple, l’ordre épouvantable s’exécuta · ponctuellement : le même jour, qu atre—vingt mille, d’autres disent cent cinquante mille malheureux, hommes, femmes et enfants, tous désarmés, sinon tous innocents, furent ‘ massacrés de sang—froid en Asie-Mineure : œuvre d’horrible carnage, où se donnaient carrière non pas seulement la · soif, relativement pardonnable, de la vengeance, mais aussi et surtout la mauvaise foi des débiteurs, quisaisissaient _ cette occasion de supprimer leurs créanciers, ainsi que la servilité ignoble des Asiatiques, toujours prets à faire otïice de bourreau sur un signe de leur sultan! Gruauté politi- quement insensée d’ail1eurs, et sans but: Mithridate avait-il donc besoin du sang pour enrichir ses finances? Et la conscience de l’immense crime pouvait-elle transfor- mer l’habitant de l’Asie-Mineure en guerrier? Cruauté allant droit contre le but, à mieux dire : car elle poussait le Sénat à faire énergiquement la guerre, s’il était encore capable d’énergie : car elle frappait à la fois et les Romains, et les Italiques non romains, alliés naturels de Mithridatel I Non, la sentence de mort lancée d’Ephèse n’était rien 4 autre qu’un acte d’aveugle et bestiale vengeance! Et s’il ` s’y est attaché je ne sais quelle fausse apparence de sau— — vage grandeur, il n’y faut voir que l’illusion créée par