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L’0BIENT ET MITHRIDATE 279 renforça d’abord son alliance avec le roi d’Arménie: en obtint la promesse d'une armée de secours qui, s’avançant en Asie-Mineure, y occuperait le pays pour le compte du Pont. Tigrane devait avoir le butin `pour sa part. Le roi parthe, que Sylla avait froissé par ses manières · hautaines, resta a l’écart, ni hostile aux Romains, ni leur allié. Mithridate s’efforçait de jouer au regard des Grecs le role d’un Philippe ou d’un Persée z il se fit le bouclier de l’hellénisme contre l’étranger. Ses ambassades abordaient _ ' en Égypte, s’adressaient aux derniers débris vivants de la libre Hellade , s’abouchaient avec la ligue descités cré- ` toises, implorant tous ceux pour qui Rome avait forgé des fers, leur demandant de se soulever à la dernière heure pour le salut de la nationalité grecque. Il réussit aupres des Grétois, qui prirent en grand nombre du service dans ses armées. Il comptait sur la révolte successive des plus petits États clients, des Numides, de la Syrie, des républiques grecques; sur celle des provinces, et surtout_sur le sou- lèvement de l’Asie-Mineure tant opprimée. En même temps on travaillait la Thrace, et l’on agitait jusqu’a la Macédoine. La piraterie, active et florissante déjà, se voit traitée en alliée; elle est partout la bienvenue: partout on luiouvre la voie, et les escadres des corsaires, se disant a la solde du Pont, se montrent rapidement et portent la terreur au loin dans les eaux de la Méditerranée. A cette méme heure, l'Asie s’émouvait et se réjouissait à la nouvelle des troubles intérieurs dela République : elle s’enquérait frémissante des combats de l’insurrection italienne, vaincue déjà il est vrai, mais debout et luttant pour longtemps encore. Que si elle ne tenta pas d'entrer en rapports directs avec les mécontents et les révoltés, elle n’en reçut pas moins le secours d’une légion étrangère, armée, organisée à la romaine, ayant pour noyau des _ transfuges de Rome et d’ItaIie. Depuis les guerres persiques, on n’avait point vu en Orient un tel déploiement de forces! Mithridatc, dit-on, sans comptcr l’armée auxiliaire des