Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/272

Cette page n’a pas encore été corrigée

268 LIVRE IV, CHAPITRE VIII temps de Mithridate son territoire s’étendait encore sur toute la moitié de la Crimée , y compris T/zéodosie [Kajfaj, la ville de P/zanagorie, sur la pointe opposée du conti- nent asiatique, et toute? la région Sindique (sur lacote, au sud du Kouban). En des temps meilleurs , les maitres de Panticapée avaient régné, en terre ferme, sur tous les peuples de la cote orientale de la mer d'Azow et de la vallee du Kouban 1 sur mer, leur flotte avait été la reine de l’Euxin. Mais rien ne saurait exprimer combien, dans ces postes, frontière de la civilisation grecque, on ressentait à cette heure le triste abaissement de la natio- nalité hellénique! Athènes seule parmi les états de la Hellade avait, à ses beaux jours, tenté de remplir son devoir de puissance dirigeante : à quoi il faut ajouter que le blé des cotes pontiques lui faisait grand besoin , et qu’elle obéissait forcément à un intérêt vital. Après la chute de la puissance maritime d’Athènes, tous ces pays furent laissés à eux-memes. Les états grecs continentaux ne réussirent jamais à s’y implanter profondément, en dépit des efforts et de Philippe, le père d’Alexandre, et plus tard de Lysi- maque. Home à son tour, quand ayant conquis la Macédoine et l’Asie-Mineure, elle avait contracté le devoir de servir de bouclier à la civilisation hellénique, partout où besoin serait, Rome négligea et la voix impérieuse de son intéret, et la voix de l’l1onneur. Bientot Sinope tomba : puis Rhodes s’affaissa sur elle-meme; et l’isolement des Grecs, perdus sur les rivages septentrionaux de la mer Noire, devint complet. Veut-on avoirl’image vivante de leur condition déplorable au milieu des bandes des Barbares? qu’on lise l’inscription d'0lI2ia (non loin des bouches du Dniéper, près d’0cza/ww), contemporaine sans doute de Mithridate. Cette inscription atteste· que les citoyens sont tenus d’envoyer leur tribut annuel au roi barbare, on son camp : de plus, s’il vient s’établir devant la ville, ou s’il ne fait meme que passer, on lui doit offrir le cadeau; il faut aussi parfois gorger d’ot`frandes les moindres chefs,