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260 LIVRE IV, CHAPITRE VIII " duisait à seize chevaux. Il gagna nombre de prix dans les joutes de vitesse (c’eût été jouer gros jeu-, il est vrai, que de vaincre le roi). En chasse et en plein galop, il frappait legibier à coup sûr; à table enfin, il détiait ses convives, faisant des banquets une gageure, et y remportant le prix donné au buveur le plus solide, au plusintrépide mangeur. Dans le harem et ses plaisirs enfin, il n'avait point d’égal, à en croire les attestations licencieuses de ses maîtresses grecques dont les billets doux se retrouverent un jour dans ses papiers. Du coté des besoins de l’esprit, il se . donnait .carriere dans le cbamp sans limite des super-' stitions, consacrant bon nombre de ses heures à l’inter- prétation des songes, a la fantasmagorie des mystères, et grossièrement adonné d’ailleurs à tous les ralïinements de la civilisation des Grecs. Il aimait leur art et leur musique zi il fai_sait collection de choses précieuses, de riches usten- ' siles, de vieilles et splendides curiosités de la Grece et de la Perse : son baguier notamment était célèbre. Histo- _ riens, philosophes, poètes grecs foisonnaient autour de lui; et dans les festivités de sa cour, à coté du prix pour les mangeurs et les buveurs, il en avait un aussi pour le bouffon le plus joyeux et pour le meilleur chanteur. Tel était l’homme : le sultan était pareil à l’homme. En Orient, ou les rapports de maître à sujet sont réglés par la nature et non par la loi, faux ou fidèle, il y a du chien p chez ce dernier; le maître, lui, est méfiant et cruel. Quel roi jamais a dépassé la méfiance et la cruauté de Mithri- date? Par son ordre périrent violemment, ou moururent au fond d’une prison perpétuelle, pour des crimes ou des trahisons réelles ou imaginaires, sa mère, son frere, ses sœurs qui furent aussi ses épouses, trois de ses fils, trois de ses filles. On trouva dans ses papiers secrets,_atrocité encore plus révoltante, des sentences de mort toutes pré- parées à l’avance contre quelques-uns de ses plus fidèles serviteurs. Un jour on le verra, vrai sultan jusqu’au bout, faire tuer tout son harem, pour que l’ennemi ne s’en fasse