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. REVOLUT`ION SULPIGIENNE 245 excès, à quelles violences on ne le verrait pas se porter. Sylla n’était ni assez débonnaire pour se résigner à obéir, — ni assez dépendant pour y être obligé. L’armée , telle que l’avaient faite les réformes militaires de Marius et .la discipline de son_ chef actuel, sévère au point devue . . des armes, relàchée au point de vue des mœurs , n’était plus guère qu’une bande de soldats de fortune se donnant tout entière à son général, et demeurant absolument indifférente aux choses de la politique. Et W pour ce qui était de Sylla lui—même, froid et blasé ` autant qu’esprit lucide, il ne voyait dans le peuple de Bome qu’une vile multitude, dans le hérosd’Aix qu’un roué politique en pleine déconûture, dans la légalité qu’un mot vide, dans Rome qu’une ville dégarnie, aux murailles ' - `croulantes, plus aisée mille fois à emporter que Nola. Et · comme il voyait, il s’est hâte d’agir. Il_rassemble ses Marchpde Sylla soldats, soit six légions, ou trente—cinq mille hommes S¤*B¤¤¤e· _ environ; il leur dénonce le message reçu de Rome, en ayant soin de bien leur dire que le nouveau général désigné, loin de les emmener en Asie Mineure, ne man- v quera pas d’y conduire d’autres troupes. Les ofiiciers supérieurs, citoyens avant d`ètre hommes d’épée, se refusent à le suivre, sauf pourtant un seul: mais les soldats, à qui l’expérience passée promet en Asie et une _ guerre facile , et nn butin immense (IV, p. 87) , se soulè- vent tumultueux, mettent en pièces en un instant les · deux tribuns venus de la capitale, et s’écrient dans tous les rangs que Syllapeut les conduire à Rome..Aussitot il lève son camp, et se faisant joindre en route par l’autre · J _ consul, son collègue, qui pense comme lui, en quelques marches, et sans prendre garde aux envoyés que Rome ` 4 lui dépèche avec l’ordre de s’arrèter, il arrive sous les murs de la ville. On voit soudain ses colonnes s’établir au ' pont du Tihre, aux portes Colline et Esquiline, puis avec deux légions en bon ordre et les aigles en avant, franchir les murailles sacrées, en arrière desquelles la loi a interdit