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nEvoLUT1oN SULPICIENNE 239 éclatante, son geste animé, parfois tirant vers l’action théàtrale, le flot ample et plein de sa,parole, entraînaient _ ‘ _ l’auditeur, même non convaincu‘. Par ses origines il tenait au "parti sénatorial : son premier acte politique (659) avait 95 ¤v·`J·-C· été une accusation publique portée contre ce Norbanus si odieux aux amis du pouvoir (p. 484). Parmi les conser- vateurs, il avait appartenu àla faction de Crassus et de · Drusus. Pourquoi s’était-il décidé à briguer le tribunat du . peuple en 666, abdiquant du même coup sa noblesse ss, patricienne? Je ne saurais le dire. Mais de ce qu’avec tout le parti modéré, il eut contre lui les conservateurs, qui le qualifiaient de révolutionnaire, il faut se garder de conclure A qu’il l’ait été en effet, ou qu’il ait rêvé le renversement de la constitution a l’instar de Gaius Gracchus. Toutefois, comme il était le seul parmi les personnages notables du parti de Crassus et de Drusus qui eut vu passer sur sa tête lfouragan des procès sortis de la loi Varia, il se crut sans ` A nul doute appelé à achever de ses mains l’œuvre de _ Drusus, à mettre tin à l’infériorité civique des citoyens nouveaux; et pour cela faire, il eut besoin de revêtir l’oliice de tribun. J’ajoute qu’au cours de ses.fonctions, plus d’un de ses actes manifesta des tendances essentielle- ment contraires à la démagogie. On le vit un jour, interpo- sant son véto, empêcher qu’un de ses collégues `n’emportat par un plébiscite la cassation des verdicts prononcés aux termes de la loi Varta. Un autre jour, quand au sortir de l’édilité, Gains Cœsar voulut sauter par~dessus la préture · et obtenir le consulat pour l’année 667, évidemment en , 87, vue du généralat de l’armée d’Asie, il rencontra dans · Sulpicius le plus décidé et le plus énergique de ses contra- dicteurs. Ainsi toujours ûdéle a la ligne de conduite de ‘ [C’est Cicéron qui le dit: « Fait anim Sulpicius act maxime am- » nium, quos quidem ego audivertm, grandis, et ut tta dicnm, tragicus_ n orator : vox quum magna, tam suavis et splendida : gestus et motus iv corports ita venustus, ut tamen ad forum, non ad scœnan institu- » tusvideretur : tncttata et volubtlts nec ea redundans tamcn , nec '» circum/tuens oratio. » (Brut., 55.)]