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MOUVEMENT RÉFORMISTE 19 4 __ fait alors le préteur? Il 1·emet les captifs à leurs maîtres : ' ccux—ci seront les justiciers, et en feront à leur volonté. ' Or, ces maitres sont gens économesl Quand les gardiens de leurs troupeaux leur réclament des habits, ils leur répondent par des coups de baton, et leur demandent si les voyageurs s'en vont tout nus par le pays? Nous savons · où conduisit une telle connivence: aussi, après la révolte ‘ domptée, le consul Publius Bupilius crucifia tous les es-- ` claves qui tombèrent dans ses mains. Plus de vingt- mille furent suppliciés. Cette fois, il y avait danger tropgrand à épargner encore le capital des spéculateurs! · Si l’on avait voulu rendre la vie au travail libre et diminuer Les paysans le prolétariat servile, l’entreprise, infiniment plus difficile, «‘m“"°' eût promis indubitablement d’immenses résultatsà la Bépu- ‘ blique. Or, le gouvernement nefit rien 0u a peu près rien pour cela. Au temps de la première crise sociale, la loi avait prescrit au_ propriétaire l'emploi sur son domaine d’un i nombre d’ouvriers libres proportionnel au nombrede ses _ esclaves (II, p. 70). Plus tard, le gouvernement avait fait traduire en latin un écrit carthaginois sur l’agriculture U (III, p. 25)- : premier et unique exemple d’une oeuvre lit- · téraire inspirée et approuvée par le Sénatl Mais ce ·livre, A sans nul doute, enseignait les méthodes des plantations phéniciennes, et il allait aussi devenir le manuel des spé- culateurs italiens. Les memes tendances se manifestent dans des faits plus importants, ou plutot, dans ce qui est pour Rome une question capitale, dans tout son système · colonial. Il n’était pas besoin de grande clairvoyance, les souvenirs des premières tempêtes s’imposant à _tous les yeux, pour comprendre que, contre les progrès funestes du prolétariat rural, il n’étai t qu’un seul et efficace remède. ` L’émigration, sur une large et régulière échelle, trouvait ' d’ailleurs à Rome, dans l’état mémedes affairesexté- rieures, les occasions et les _moyens les plus favorables (II, p. 80-81). Jusque vers la fin du‘v1¤ siècle, on avait ` _ , _ lutté contre l’anéantissement progressif de la petite pro-