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206 LIVREIV, CHAPITRE VII n'avait à déployer ni beaucoup de diligence, ni beaucoup de vigueur pour préparer à la seconde insurrection le triste sort de la première. Pourtant, n’était-ce point aussi .le parti pris du désespoir, que de s’asseoir dans son abaissement, . et de laisseraller les choses.? Déjà, sans nulle cause d’irri- _ tation, les Romains ne foulaient-ils pas aux pieds l’Italie? A P A quelles horreurs ne fallait-il pas maintenant s’attendre, alors que les hommes les plus notables des cités italiques avaient été pris en flagrant délit ou en suspicion d’intelli- gences pratiquées avec Drusus (au point do vue des consé- . quences, ètre coupable ou soupçonné, c’était même chose) et de conspiration en règle contre le parti victorieux, partant, de haute trahison? Pour quiconque s’était afiilié à la ligue secrète, ou pretait seulement à l’imputation de complicité, quelle autre issue restait, sinon de commencer la guerre, ou de tendre le cou à la hache du bourreau? D’ailleurs, l’heure actuelle n’était pas sans offrir quelques favorables perspectives à une levée de boucliers en masse. _ Nous ne savonspas exactement dans quelle condition les ' Romains avaient laissé les faisceaux à demi-brisés des grandes ligues italiques (II, p. 243-244) : tout nous porte _ à croire que les Marses, _les Pœligniens, peut-etre même les Samnites et les Lucaniens, avaient conservé les cadres de leurs anciennes fédérations, désormais privées de toute importance politique, mais ayant encore une sorte de vie commune dans les fetes et les sacrifices nationaux. Là, toute insurrection naissante trouvait un sur point d’appui: mais les Romains, pour cette raison mème, n’allaient-ils pas se hàter d’y mettre ordre? Enfin, si cette association secrète, dont on disait que Drusus avait tenu en main les fils, avait perdu à sa mort son chef ou réel ou espéré, elle ' n’était pas moins debout encore; elle fournissait à l’orga- nisation politique de l’insurrection une base considérable; et quant à son organisation armée, celle-ci était toute faite, chacune des cités fédérées ayant son état militaire, et son corps de soldats éprouvés. D’un autre côté, à Rome,