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204 `· LIVRE IV, CHAPITRE VII U Les rtàiiqttes n’étaient autres que l’orateur Lucius Cmssus, l’ami, °tD"”“”' l’associé de Drusus, 'l’un des plus modérés et des plus prévoyants parmi les oligarques. Au milieu de l’exoitation violente suscitée par la loi Licinia Mucia et des procès innombrables qui éclatèrent aussitôt par toute l’Italie, les fédérés crurent voir enfin se lever lour étoile dans la per- sonne de Drusus. Chose qui avait paru à peu près impos- sible, un pur conservateur se faisait l’héritier de la pensée réformatrice desGracques, et le champion de l’égalité civique italienne! Un homme de la haute aristocratie aüiohait le ferme dessein d’émanciper les`Italiens, du détroit de Sicile aux Alpes, et le gouvernement de la République : il employait tout son zèle, il se donnait tout ` entier et sans détour, à la plus généreuse des réformes! Est-il vrai, comme on l’a raconté, qu’il s’étaitmisà latète _ d’une association secrète, dont leréseau couvrait l'Italie, ' et dont les membres avaient promis, sous serment, de lui ` rester fidèles à lui et à la commune cause? On ne saurait _ l’aüirmer ‘. Je veux quîil n’ait point mis la `main dans une ` aüiliation dangereuse, inexcusableà l’endroit_d’un magis- ' trat de la République, encore est-il certain qu’il était allé ‘ Nous avons encore la formule de ce prétendu serment (Diodor., fragm. Vatic., p. 128) : la _voici : « Par Jupiter, Capitolin, par la r Vesta romaine, par Mars, dieu de nos aïeux, par le soleil qui si engendre les êtres, par la terre qui les nourrit,'par les divins fon- . n dateurs et amplificateurs de la ville de Rome, je jure que me sera r ami ou ennemi quiconque sera l’ami ou l‘ennemi de Drusus : que » je n’épargnerai ni ma vie, ni celle de mes enfants ou de mes p parents, en tant qu’elle sera utile à Drusus et à mes associés dans ce » serment. Mais si, par la loi de Drusus, je devenais citoyen; je » regarderai Rome comme ma patrie et Drusus comme mon plus » grand bienfaiteur. Je ferai prêter ce sermentà tous ceux que je » pourrai, parmi mes concitoyens : si je le garde, puissé—je prospég » rer : si je le fausse, puissé·je aller à mal! n Je crois qu’il ne faut- _ user de ce document qu’avec une prudente réserve : il a été tiré sans · . doute des hurangues de Philippe contre Drusus (ce qui explique com- ment le faiseur d’extraits a fort sottement intitulé ce` fragment « ser- ment de Philippe). A tout le mieux, il a été tiré des actes du dossier criminel dressés plus tard â Rome au sujet de la conyuration; et dans , , ce cas encore, on peut_se demander s'il a été transcrit dans l’enquête d’après la déposition des prévenus, ou s’il n'est pas plutôt`l’articula- tion même dela prévention.