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Résultat étrange et pourtant facile à comprendre l Les pensées de réforme etles étais du pouvoir sur lesquels Gaius Gracchus avait compté pour asseoir sa constitution, l’aristocratie se les appropriait à son tol1r.>G’était dans l’ordre. Comme la tyrannie, pour combattre l’oligarchie, avait courtisé l’appui du prolétariat soudoyé et organisé en une sorte d’armée, de même faisait celle-ci dans sa lutte contre l’aristocratie financiere. Et de meme que le pouvoir avait autrefois, à titre de mal nécessaire, entrepris de_nourrir.les prolétaires aux frais de l’État, de meme aujourd’hui Drusus usait du moyen, temporairement du moins, contre les capitalistes. Il était naturel aussi que la portion meilleure de l’aristocratie, favorable autrefois à la loi agraire de Tiberius Gracchus, entràt volontiers dans tout projet de réforme qui, sans toucher à la souveraineté, ne tendrait qu’à porter remede aux vieilles plaies de l’État. Sans doute, dans les questions d’émigration et de colonisation, elle ne pouvait aller aussi loin que la démocratie; car, après tout, le pouvoir oligarchique avaitlpour assise fondamentale le régime du bon plaisir dans le gouvernement des provinces, et tout commandement militaire à longue échéance l’eùt aussitot mise en danger. L’égalité politique donnée aux Italiotes etaux provinciaux, les conquêtes au dela des Alpes, voila des idées qui ne pouvaient cadrer avec le principe conservateur. M_ais rien n’empechait le Sénat de sacrifier les domaines latins, et meme ceux de Campanie, comme aussi la Sicile, dans le but de relever les classes rurales, le pouvoir restant d’ailleurs debout après comme avant. N’était-il pas vrai que l’aristocratie ne pouvait faire mieux pour parer aux agitations futures, que d’opérer elle-même la distribution de toutes les terres encore libres, et de ne laisser rien à la portée des démagogues de l’avenir, si ce n’est, selon` le mot de Drusus «la boue des rues ou le_ciel*. »

[Il y a là un jeu de mots intraduisible en français : ·« Nihil se ad largitioncm ulli reliquissc, msi si quis aut ctENuM dividerc vellct, aut C(ELUM. n (Flor., 111, 19.)]