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' MARIUS ET DBUSUS 171 ` par le régime· sénatorial fussent moindres. aujourd’hui : mais bon nombre des espérances, qui avaient amené aux Gracques leurs plus fîdèlesadhérents, étaient reconnues · _ de-pures illusions. Plus d’un avait le pressentiment que les grands agitateurstendaient à un but vers lequel le gros des mécontents n’aurait jamais voulu les suivre : enfin les mouvements et l’excitation des vingt dernières années avaient ·usé et épuisé presque l’enthousiasme plein de séve, ‘ la foi inébranlable, et cette pureté morale des aspirations, qui caractérisent la révolution à sa première heure. D'un autre coté si le parti n’était plus ce qu’il avait été au temps , de Gaius, les meneurs qui vinrent après s’étaient montrés _ ` ` au-dessous du parti lui-méme, autant que Gaius l’avait dominé de la hauteur de son génie. La nature des choses le voulait. Jusqu’à ce qu’il vint un homme osant ressaisir - le pouvoir, comme Gaius`l’avait fait, les chefs populaires n’avaient pu étre que de simples bouc}ze—trous` politiques. Les uns, débutants de la veille, arrivaient bien vite au bout · de leur fantaisie d’opposition : ces hommes a tète de feu, ces orateurs bouillants et aimés faisaient plusou moins habilement retraite, et s'allaient cacher. dans le camp du · gouvernement.· Les autres n’avaient rien a perdre en- . fortune ou en influence, et d’ordinaire rien à gagner ni à perdre du coté de l’honneur: se jetant dans l’opposition par rancune personnelle, ou par amour du bruit, ils prenaient simplement plaisir à tracasser et-gêner l'admi- nistration. Parmi les premiers on avait vu, "par exemple, un Gaius Memmius (p. 100), un Lucius Crassus, discou- reur célèbre, devenir les amis zélés de l’aristocratie`: là, ·_ ` ils se reposaient à l’ombre des lauriers oratoires conquis —· ' dans les rangs du parti démocratique. Mais, à l’époque où nous sommes, les chefs les plus marquants appartenaient _à A la seconde classe. Tels étaient, et ce Gaius Servilius Glaucia, que Cicéron a appelé lilyperbolus de Home, Giaucm. . esprit vulgaire, ·homme de la plus basse naissance, parlant le langage éhonté de la rue, actif d’ailleurs, et