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Ou tout—cela’·conduit-il`? -0n·le pressent trop clairement. Marius, après la victoire du champ Baudique, avait sur le terrain "mème récompensé la ·valeur de deux.cohortes d’alliés italiques par·la collation en masse du droit de cite : appelé à sejustiüer.ensuite`d’un acte contraire à,la constitution, il répondit que dans le tumulte du combat, il n’avait pu entendre ta voix de la loi.· Et de fait, dès qu’en une circonstance grave, il y auraitconflit entre l'intéret de l'armée ou du général et la règle des institutions, qui pouvait garantir que le bruit des épées :n’étoufferait pas aussi la parole des lois ? Armée permanente, caste des soldats, garde du corps, tous les étais de la monarchie étaient debout déjà dans l’ordre civil et.dans l’ordre militaire : il n’y manquait plus que le monarque. Quand les douze aigles avaient fait cercle autour de la colline palatine, ils avaient appelé la royauté[1]. Le nouvel aigle donné par Marius aux. légions annoncait l'Empire et les Césars.

Plan politique de Marius

Marius, je n’en fais pas doute, marcha droit vers les perspectives que·lui ouvrait sa haute position militaire et politique. Le ciel était trouble et les nuages s’abaissaient. On avait la paix, sans pouvoir se réjouir de la paix, a la différence de ces temps où, au lendemain de la première incursion des hommes du nord, Rome, la crise passée, s`était réveillée avec le sentiment vivace de la guérison complète, reprenant et au dela dans un épanouissement rapide, merveilleux, tout le terrain perdu. L’univers romain sentait que les temps n’étaient plus ou, en cas pareil, tous les citoyens réunis venaient en aide a la chose publique: tant que demeurait vide la place de Gaius Gracchus, il n’y avait pas a se promettre un sort meilleur. Si profond était le regret de la multitude ; elle ressentait si bien l’absence des deux jeunes héros qui avaient ouvert la porte à la révolution, qu’elle se rattachait en enfant à

  1. Tite-Live, 1, 7