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- MAHIUS ET DRUSUS 167 possible, la pression·des circonstances amena la refonte dc la_ légion.- Pour moi, en introduisant les enrolements à , l’intérieur, Marius, militairement parlant, a sauvé l’État, de mème que bien des siècles après, en recourant aux enrolements à _l’étranger, Stilicon et Arbogaste prolon- · geront encore pour quelque temps son existence. Mais cette réforme n’en contenait pas moins en germe toute une révolution politique..Où était la clef de voûte de la constitution républicaine? Dans le citoyen, àla foistsoldat; et il fallait que le soldat restàt avant tout citoyen. Dès que l’état militaire constitue une profession, une classe, la constitution tombe. Déjà les nouveaux réglements, les nouveaux exercices militaires conduisaient à ce résultat . avec leurs pratiques empruntées à l’art du gladiateur : le Y service des milices se change en métier. Mais les choses marcherent plus vite encore quand la légion s’ouvrit aux ' prolétaires, meme en nombre restreint. Joignez-y l’elfet des anciennes coutumes, conférant au général le droit de distribuer arbitrairement les récompenses parmi les soldats, droit bien dangereux même avec le contre-poids des- plus solides institutions républicaines. Toutsoldat heureux. ou . vaillant ne s’estimait-il pas fondé à réclamer aupres du chef un lot du butin mobilier, auprès de la République un lot des terres conquises? Jadis lecitoyen de la ville ou de la campagne ne trouvait dans le service à l’armée qu’une lourde charge à supporter pour le communbiende l’État; sa part de butin n’était pas même la compensation du dommage considérable causé par son entrée dans la légion. ‘ Mais le`prolétaire—qui s’enrole aujourd’hui n’a pas seule- mentsa solde quotidienne : comme, son temps fini, il A n’aura ni invalides, ni maisonhdcs pauvres pour asile,,il lui faut bien songer à l’avenir: partant, il tient à rester indéfiniment sous les drapeaux : il ne veut du licenciement qu’autant qu’en échange il verra son existence de citoyen - ` assurée. Il n’a plus que le camp pour patrie : il ne sait plus rien que-la guerre: il n’a d'espoir qu’en son général! _