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GUERRE ENTRE ROME ET CARTHAGE.


et munitions destinés à l’armée de siége, et de longer la côte du sud, convoyant les transports avec la deuxième flotte, qui comptait cent vingt navires de guerre. Mais au lieu de tenir tous ses vaisseaux réunis, il commit la faute de dépêcher les premiers transports en avant, sans pro­tection aucune, se réservant de suivre un peu plus tard avec les autres. Carthalo, amiral en second des Cartha­ginois, commandait alors les cent voiles choisies qui bloquaient les Romains dans le havre de Lilybée. Il apprend ce qui se passe, et aussitôt, se portant au sud, il se jette entre les deux divisions de la flotte de Pullus, et les contraint à se réfugier dans les deux rades de Géla et de Camarine. L’ennemi les vient attaquer sur ces plages inhospitalières: il est vaillamment repoussé, grâce aussi aux engins de guerre partout établis depuis quelque temps déjà le long des cotés. Mais se réunir et continuer sa route, c’était ce à quoi il ne fallait plus songer, et Carthalo put s’en remettre aux éléments du soin d’achever son ouvrage. Aux premiers gros temps, les deux escadres ramassées dans ces mauvais parages sont entièrement détruites, pendant que le Carthaginois, manœuvrant en haute mer, échappe sans peine ni dommage à la tempête. Les Romains avaient d’ailleurs pu sauver en grande partie les équipages et les cargai­sons (505).249 av. J.-C.
Embarras des Romains.

Le Sénat ne savait plus que faire. Déjà la guerre sé­vissait depuis seize ans, et l’on semblait plus loin du but qu’à la première année des hostilités. On avait perdu quatre grandes flottes, dont trois ayant une armée ro­maine à bord. Une quatrième armée, toute de troupes d’élite, avait péri en Libye, sans compter d’autres et innombrables sacrifices qu’avaient coûté tous les petits combats sur mer, les batailles livrées en Sicile, l’attaque ou la défense des places et des positions, et enfin les maladies ! Il s’était fait une énorme dépense de vies hu-