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CHAPITRE PREMIER


CARTHAGE


Les Phéniciens.Placée au milieu des peuples de l’ancien monde classique, la race des Sémites est restée pourtant en dehors de lui. Elle a l’Orient pour centre, tandis qu’il a le sien dans la Méditerranée ; et à mesure que la guerre ou les émigrations vont élargissant les frontières et rejetant les nations les unes sur les autres, les Indo-Germains et les Syriens, Israélites ou Arabes, se séparent et s’éloignent, obéissant au sentiment croissant de leur hétérogénéité. Il en faut dire autant des Phéniciens ou de la nation punique, de cette branche des Sémites qui, plus que toute autre, s’est étendue jusque dans l’ouest. Elle eut pour patrie l’étroite bande de terre située entre l’Asie Mineure, les hauteurs de la Syrie, et l’Egypte, et qu’on appelle à proprement parler la plaine ou Chanaan. Tel était en effet le nom qu'elle se donnait à elle-même : jusque dans les temps chrétiens, le paysan africain voulut être un Chanaanite. Pour les Grecs, la terre de Chanaan était la terre de la pourpre ou la terre des hommes rouges [Φοίνιϰη]. Les Italiens et nous-mêmes aujourd’hui, nous l’avons appelée toujours la Phénicie. Leur commerce.Cette contrée, d’ailleurs propice à l’agri-