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jusque sur le sol de la Grèce s’imposât à elle aussitôt. Avec tous les tempéraments d’une humanité affectée, la politique de sentiment faisait bien plus de mal aux Hellènes que la pire des occupations territoriales. Voyez l’exemple de la Bœotie ! Là Rome dut, sinon provoquer, du moins tolérer l’assassinat ; et pourquoi ? Parce qu’il était décidé que les légions se rembarqueraient quand même, et qu’il n’était dès lors pas possible d’interdire à la faction romaine de se défendre par les armes usitées dans le pays.

Rome paya cher bientôt les demi-mesures de sa politique. Sans cette erreur généreuse de l’affranchissement de la Grèce, elle n’eût point eu sur les bras dès le lendemain la guerre contre Antiochus : de même, cette guerre eût été sans dangers, sans la faute militaire également commise du retrait des garnisons romaines de toutes les principales forteresses qui commandaient la frontière d’Europe sur ce point. Aspirations déréglées vers la liberté ou générosité maladroite, peu importe ! Derrière toute faute, l’histoire nous montre l’infaillible Némésis !