Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 3.djvu/272

Cette page n’a pas encore été corrigée

- 268 W LIVRE Ill, CHi\PITREVlI s’enfuit en Orient, leur épargnant l’ignominie plus grande, et ne leur laissant que l’ignominie moindre à commettre. lls };ian`nirent à toujours leur plus grand citoyen, confisquèrent ses biens, et rasèrent sa maison. V , — Ainsi s’accomplit, en la personne d’Hannibal, cette profonde maxime que « ceux-là comptent parmi les fa- _ » voris des dieux, à qui les dieux versent comble la me- · » sure des joies et des douleurs l » ` ' ‘ _ Son départ, et ce fut là le tort nouveau de Rome, ne t . , changea_rien à la conduite de celle-ci. Plus que jamais, _ _, elle se montra dure,_soupçonneuse et vexatoire envers la ' ville infortunée. Les factions s’y agitaient toujours: mais · ‘ une fois éloigné l’homme étonnant qui .avait presque ` · changé la marche du .monde politique, la faction A des patriotes dans Carthage 11’avait guère plus d’im- portance que celle des patriotes en Etolie ou en.Àchaïeî . —' . Parmi les agitateurs, il en était quelques-unsi qui,» · ` ' non sans une certaine sagesse, ‘auraient voulu se ré- ' concilier avec Massinissa, et faire de leur oppresseur L · rln moment le sauveur des Phéniciens; Maisni le parti ’ national, ni le parti libyen dans la faction patriote, ne put s'emparer du gouvernail : il resta dans les mains ·` I des oligarques,philo-romains. Or ceux-ci,· sans renoncer · _ à tout jamais à l'avenir, s’entêtaient·dans le p1·ésent— à ' ‘ j ne cherche1·`le salut et la liberté —intérieui·e de Car- I I _ thage, que dans le protectorat de la République. I Certes il y avait là de quoi tranquilliser Rome. Néan- . moins ni la multitude, ni les gouvernants, ceux du moins ' qui avaient le cœur moins haut placé n’y pouvaient t·smnnt»»« maîtriser leurs craintes. D’un autre côté, les marchands

 romains portaient toujours envie à cette ville, restée '

a>nimc«·t1n;·;.; en possession de sa vaste clientèle commerciale en ’ ` dépit de sa 'déchéance politique, et toujours puissante par ses richesses et ses inépuisables ressources. Déjà, I un av. .1.-tt, en 567, le gouvernement carthaginois avait offert le