Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 3.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

256

LIVRE III, CHAPITRE VI

questions redoutables, et que beaucoup pouvaient et devaient se faire ? Rome saura-t-elle les résoudre ? Qu’elle compte alors sur une ère de prospérité, où le bien-être de tous, les plus heureuses circonstances y aidant, se fondera sur l’effort individuel ; ou la suprématie de la République s’étendra sans conteste sur l’univers civilisé ; ou tous les citoyens auront la noble conscience du vaste système politique dont ils seront parties intégrantes, et verront devant eux un digne but offert à toutes les fiertés, une large carrière ouverte à tous les talents. Mais si Rome ne sufit pas à sa tâche, tout autre sera l’avenir ! — Il n’importe ! À cette heure se taisaient les voix chagrines et les soucis méfiants. De tous les côtés les soldats rentraient victorieux dans leurs maisons : il n’y avait à l’ordre du jour que fêtes d’actions de grâce, que jeux publics ou largesses aux armées et au peuple : les captifs libérés revenaient de la Gaule, de l’Afrique et de la Grèce ; et le jeune général menant la pompe de son triomphe par les rues joyeusement parées de Rome, s’en allait au Capitole déposer les palmes de la victoire dans le temple du Dieu, « son confident intime, » disaient tous bas les plus crédules , « et son aide tout puissant dans le conseil et dans l’action » !