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tum 1. Le combat s’engage sanglant, opiniâtre. Néron s’attribue la victoire ; mais il ne peut empêcher Hannibal de se dérober habilement par une de ces marches de flanc qui lui sont coutumières, et d'entrer en Apulie, non sans pertes sensibles. Là, il s’arrête, campe d’abord en vue de Venouse, puis sous Canusium. Néron le suit pas à pas, et campe partout en face de lui. Il est manifeste d’ailleurs qu’en restant en Apulie, Hannibal agissait à dessein, et que s’il l’avait voulu, il eût pu continuer d’avancer vers le nord malgré le voisinage de Néron. Quant aux motifs qui le décidèrent à ne pas aller plus loin et à se poster sur l’Aufidus, il faudrait, pour les juger, savoir quelles communications avaient été échangées entre lui et son frère, et ce qu’il conjecturait sur la route que ce dernier allait suivre. De tout cela, nous ne savons rien. — Pendant que les deux armées se regardent immobiles, une dépêche d’Hasdrubal, impatiemment. attendue dans le camp carthaginois, est interceptée aux avant-postes romains. Elle porte qu’Hasdrubal veut prendre par la voie Flaminienne : conséquemment, il longera la côte jusqu’à Fanum, pour tourner ensuite à droite, et descendre par l’Apennin sur Narnia [1], ou il espère qu’Hannibal et lui se rencontreront. Aussitôt Néron dirige sur le point de jonction désigné des deux armées phéniciennes toutes les réserves de la capitale, ou une division qui se tenait à Capoue reçoit l’ordre d'aller les remplacer; enfin une autre réserve se forme à Capoue même. Convaincu qu’Hannibal ignore le plan de son frère, et va, demeurer en Apulie à l’attendre, il conçoit audacieusement l’idée de prendre un corps d’élite de sept mille hommes, de partir avec lui pour le nord a marches forcées, et, se.

1 [Agrimonte, sur l’Agri (ancien Aciris), dans la Basilicate, selon l’opinion la plus commune.]

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  1. [Narni, par le col du Furto.]