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LIVRE I, CHAPITRE III

près de la côte, ont une origine semblable : elles ont été toutes, plus ou moins, des centres divers de la colonisation latine, sans parler d’autres lieux, en assez grand nombre, dont le nom moins illustre s’est à toujours perdu. Toutes ces cités furent d’abord autonomes : chacune était régie par son prince avec l’assistance des anciens et de l’assemblée des citoyens portant les armes. La communauté de la langue et de la race produisit encore d’autres effets : une institution politique et religieuse de la plus haute importance, le pacte d’éternelle alliance entre toutes les cités latines, a évidemment sa cause dans l’étroite affinité qui les unissait. La préséance dans la fédération appartint, suivant l’usage latin et grec, à la cité sur le territoire de laquelle était le sanctuaire fédéral. Ce privilège échut à Albe, la plus ancienne et la plus importante des villes latines. Dans les premiers temps, il y eut trente cités fédérées : le nombre trente se retrouve sans cesse en Italie et en Grèce comme expression du nombre des parties intéressées dans toute association politique. L’histoire ne nous a pas légué les noms des trente cités de l’ancien Latium, ou des trente colonies albaines, car elles durent être tenues pour telles à cette époque. De même que les Béotiens et les Ioniens, également fédérés, avaient leurs fêtes panbéotiennes et panioniques, de même l’association latine eut aussi ses solennités annuelles (latinæ feriæ), célébrées sur le mont Albain (mons Albanus), au jour désigné par le chef fédéral, et dans lequel les Latins réunis immolaient un taureau au Dieu du Latium (Jupiter Latiaris). Chaque cité contribuait, pour sa part et selon une règle invariable, à l’approvisionnement des banquets de la fête : elle y apportait du bétail, du lait, du fromage ; et, de même, elle recevait aussi sa part des viandes rôties au moment du sacrifice. Tous ces usages ont longtemps duré et sont bien connus ; quant aux effets légaux d’une telle association politique,