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PREMIÈRES IMMIGRATIONS

quites[1] : il est vrai de dire aussi qu’alors, on ne combattait guère de près.

Ainsi donc, dans la langue et les usages des Grecs et des peuples italiques, tout ce qui se rattache aux bases matérielles de l’existence humaine, trouve une commune et élémentaire expression : et les deux peuples vivaient encore dans le sein d’une société unique, quand il leur a été donné de franchir ensemble les premières étapes de la condition terrestre.

Dans le domaine de la culture intellectuelle, la scène change.

Les Italiens et les Grecs. Leurs caractères opposés.L’homme doit vivre en harmonieuse entente avec lui-même, avec son semblable, avec le monde qui l’entoure : mais la solution de ce problème peut varier autant de fois qu’il y a de provinces dans l’empire de notre Père céleste ; et le caractère et le génie des peuples et des individus se diversifient surtout dans l’ordre moral. Durant la période gréco-italique, les oppositions ne pouvaient encore se faire jour : elles n’avaient alors point de cause : mais à peine la séparation a-t-elle eu lieu, qu’on voit se manifester un contraste profond, dont les effets se sont perpétués jusqu’à nos jours. Famille et état, religion, beaux-arts, se développent et progressent chez l’un et l’autre peuple, dans un sens éminemment national et propre à chacun d’eux : et il faut à l’historien une clairvoyance grande parfois, pour retrouver le germe commun sous la végétation puissante qu’il a devant les yeux. Les Grecs tendent à sacrifier l’intérêt général à l’individu ; la nation à la commune ; la commune au citoyen : leur idéal dans la vie, c’est le culte du beau et

  1. Les armes à l’usage des deux peuples, durant l’époque primitive, ne semblent pas, d’ailleurs, pousser cette ressemblance jusqu’à l’affinité du nom : sans doute, il y a quelque rapport entre la lancea, et la λόγχη  ; mais le mot latin est d’une date bien plus récente ; il a été emprunté peut-être aux Germains ou aux Espagnols, et enfin, il paraît avoir son similaire dans le grec σαυνίον.