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L’ART

nouveau s’appelèrent-ils de ce nom[1]. Au fond, et dans son caractère essentiel, le temple grec, importé en Italie, imite la tente et la maison d’habitation : il est bâti en pierres de taille carrées et recouvert en tuiles ; et c’est dans l’assemblage savant de la pierre et de l’argile cuite que les architectes grecs ont su concilier à la fois les lois de l’utile et celles du beau. Les Étrusques, au contraire, ne distinguent bientôt plus entre la maison de l’homme, nécessairement faite de bois, et la maison des dieux, où doit dominer la pierre. Leur temple raccourci se rapproche du carré : son entablement plus haut, ses colonnes largement espacées, la déclivité plus grande du toit, la saillie plus marquée des poutres portant sur l’architrave et les colonnes, tout atteste un rapport intime entre leurs constructions sacrées et domestiques : le temple étrusque, en un mot, jusque dans ses détails, reste le voisin de l’ancienne maison de bois.

La plastique.Les arts du dessin et de la plastique sont plus jeunes que l’architecture : avant d’orner le fronton et les murs, il a fallu élever l’édifice. Nous ne pensons pas que ces arts eussent pénétré en Italie et s’y fussent déjà acclimatés durant l’ère des rois ; mais ils avaient pris pied en Étrurie, arts ou métiers, comme on voudra, grâce aux richesses amenées par le commerce et la piraterie. L’art grec avait peu progressé encore quand il fut apporté en Étrurie, à en juger du moins par les imitations qu’il y a produites ; et le siècle où les Étrusques ont appris à travailler l’argile et les métaux, semble être le contemporain de celui où ils ont reçu leur alphabet. Les monnaies d’argent de Populonia[2], l’unique spécimen qu’il soit possible presque de rattacher à cette même époque, sont loin de nous donner une haute idée de l’habileté

  1. [Ratio Tuscanica, cavum ædium Tuscanicum.]
  2. [Piombino.]