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LIVRE I, CHAP. XIII

arrivait à flots. Aurons-nous besoin encore de rappeler ici, à titre de preuves, les mots italiques usités par les Siciliens pour désigner le prêt commercial, les prisons, le plat à servir les mets ; et d’autre part les mots siciliens reçus dans la langue romaine (p. 214, 266) ?

Les Latins ont aussi, dans les premières siècles, entretenu des relations avec les villes chalcidiques de l’Italie méridionale, Cymè et Néapolis ; avec les Phocéens d’Éléa et de Massalie (Massalia). On en trouve encore certains vestiges épars. Mais ce commerce resta infiniment moins actif qu’avec la Sicile. La preuve en ressort toujours de l’emploi exclusif de la forme dorienne, dans les mots grecs latinisés (sic, Æsculapius, Latona, Aperta, machina, déjà mentionnés ailleurs). S’il y avait eu entre le Latium, les villes d’origine ionienne, comme Cymè (p. 185), et les établissements phocéens, des rapports aussi fréquents qu’avec les Doriens siciliotes, nous en rencontrerions certainement des traces dans la langue ; quoique, à vrai dire, ces colonies ioniennes aient elles-mêmes promptement subi l’influence dorienne et que leur dialecte se soit dénaturé à son tour.

Tout se réunit donc pour attester l’étendue du mouvement commercial latin, et les contacts quotidiens avec les Grecs de la mer occidentale, et surtout de la Sicile. Ce mouvement s’est-il porté de même dans d’autres directions ou vers d’autres peuples ? c’est ce que rien ne vient nous dire ; et la philologie ne relève pas une seule trace d’une rencontre quelconque avec les peuples de langue araméenne[1]. Que si l’on se demande comment

  1. A l’exception des mots Sarranus, Afer et d’autres noms de lieux analogues, (p.198), il ne se trouve pas dans le latin ancien un seul mot emprunté directement aux dialectes phéniciens. On en pourra citer quelques-uns de racine phénicienne, sans doute (comme arrabo, arra, et peut-être murrha, nardus, etc.) ; mais qui, certainement, ont passé d’abord par le grec. Celui-ci contient, en effet, un bon nombre de mots orientaux, dont l’emprunt témoigne d’anciennes et actives rela-