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LIVRE I, CHAP. XIII

l’époque où s’est faite la première division des terres. L’on sait seulement que dans la constitution primitive de Rome, les communautés en famille tiennent la place qui sera plus tard occupée par les assidus ou citoyens fixés sur leur domaine (assidui) : et que la constitution de Servius, au contraire, a en face d’elle un partage antérieurement consommé. À cette dernière époque, on constate aussi que la grande masse des possessions foncières est dans les mains d’une classe rurale moyenne : chaque famille trouve dans son lot et du travail, et la satisfaction de ses besoins ; les domaines comportent l’entretien d’un bétail de labour et la conduite d’une charrue ; enfin, s’il ne nous est pas possible de dire en toute certitude quelle est la contenance ordinaire des héritages, nous pouvons du moins affirmer, comme nous l’avons fait déjà (p. 129), qu’elle n’est pas de beaucoup inférieure à 20 jugères [ou 5 hectares 40 ares].

Les céréales.La culture avait pour objet principal la production des céréales, de l’épeautre surtout (far) ; elle ne négligeait d’ailleurs ni les plantes légumineuses, ni les racines, ni les herbes.

Les vignes.La vigne a-t-elle été jadis introduite par les émigrants

    tradition historique digne de confiance jusque dans ses détails ; elle donne prise même à bon nombre de difficultés (Tit. Liv. IV, 47. — V. infra, livre II, chap. V, aux notes). Ce qui paraît vrai, c’est que, quand il était fait à tous les citoyens des assignations de territoire (adsignatio viritana), sans envoi de colonies, ces assignations ne comprenaient souvent qu’un petit nombre de jugères (sic, Tit. Liv. VIII, 11, 21). Mais alors, ce n’étaient point des cultivateurs nouveaux qui se trouvaient mis en possession, c’étaient les anciens à qui il était donné par surcroît de nouvelles parcelles prises sur le territoire conquis (Conf. C. I. R. I., p. 88). En tout cas, quelle que soit l’opinion que l’on adopte, cela vaudra mieux toujours que d’aller se jeter dans une hypothèse aussi merveilleuse que le miracle de la multiplication des 5 pains et des 2 poissons de l’Évangile. Les paysans romains étaient, eux, beaucoup plus modestes que leurs historiographes. Ainsi que nous l’avons dit ailleurs (p. 129), ils ne croyaient pas pouvoir vivre quand leur domaine n’était que de 7 jugères (1 hect. 7 ares 64 cent.), ou quand il ne rendait pas plus de 140 boisseaux romains (42 hectolit. 25 lit. 63 centil.).